
TJUNGU & PACIFIKA
RÉSUMÉ DU PROJET
LES CABANES D’OUTRE-RÊVES* est un projet d’échange artistique et de construction architecturale et sociale entre des jeunes adultes en réinsertion de Kanaky-Nouvelle-Calédonie et du Berry. Il leur est proposé de concevoir et de réaliser collectivement, en relation avec des artistes et en binômes inter-territoriaux, des cabanes hybrides en éco-construction sur plusieurs sites (à définir) de chaque territoire.
PORTEURS DU PROJET
Le projet est porté par deux associations :
TJUNGU & PACIFIKA*, créée en aout 2025 pour porter le projet de Guillaume Vama, et ses projets à venir. Son objet est de favoriser la mobilité, les rencontres et les échanges interculturels entre les jeunes du Berry et du Pays Kanak, mais aussi des diasporas du Pacifique (Calédonie, Tahiti, Wallis et Futuna…) vivant dans le Cher et en France.
LA MAISON-FOLIES, créée en juin 2024. Ses membres travaillent à des modes de gouvernances partagés et des projets de co-constructions culturelles et citoyennes. L’association a été créée à partir du conseil des quartiers prioritaires de Bourges et dans la lancée de Bourges Capitale Européenne de la Culture.
Le groupe s’est formé en septembre 2025. Il a pour valeurs communes cette articulation entre insertion sociale et pratiques artistiques et culturelles. Guillaume Vama, l’auteur du projet, développe depuis longtemps en Kanaky (île des Pins) des actions en direction des jeunes kanak, fragilisés par le contexte économique et politique de l’île. L’association Kâorè et l’ONG Itkel, en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, développent également des projets culturels et économiques pour tenter d’accompagner les jeunes kanak vers une réinsertion sociale par les pratiques culturelles et manuelles. Les membres des deux associations berruyères ont déjà porté des projets artistiques et culturels en directions des habitant.es des quartiers en QPV de la ville de Bourges.
Notre groupe a la ferme conviction que l’engagement dans un processus de création artistique collectif peut favoriser le retour à une cohésion sociale pour de jeunes adultes en réinsertion. La dimension du collectif peut stimuler la volonté d’interactions, la dimension de la construction, celle de l’action. Nous pensons que le fait de valoriser les potentiels créatifs, de permettre aux imaginaires et aux capacités de co-construction de s’incarner, pourra produire des effets positifs sur des jeunes adultes en retrait social, de faciliter leur ancrage sur leur terrain social.
PARTENAIRES BERRY
PARTENAIRES ACTIFS, qui s’engagent dans le projet
- Muséum d’histoire naturelle (projet Symbiocène), Bourges
- Ville de Saint-Florent-sur-Cher (ville de la matrice Bourges 2028)
- Campus agricole (lycée et CFA) du Subdray
- Université d’Orléans-Tours, services culturels et IUT de Bourges
SOUTIENS BOURGES
- Yannick Bedin, maire-adjoint à la Culture, Bourges
- Denis Pansu, chef de projet du Tiers lieu « Epicentre », Bourges
PARTENAIRES KANAKY-NOUVELLE-CALÉDONIE
PARTENAIRES ACTIFS DU PROJET
- Kâorë : Association culturelle et de développement pour la valorisation des savoirs traditionnels kanak, pour l’insertion et la réinsertion sociale par les pratiques culturelles et manuelles, le soutien du développement économique, social et environnemental durable dans les tribus, la création de passerelles entre coutume et modernité.
- Itkel : Organisation Non Gouvernementale pour la protection de l’environnement et des terres coutumières, l'accompagnement des jeunes issus des milieux miniers, la promotion de l’innovation sociale et écologique, le développement de modèles durables fondés sur les savoirs autochtones
PARRAINAGE
Le projet "Les cabanes d'outre-rêves" est parrainé par Isabelle Leblic, anthropologue DRCE émérite au CNRS-LACITO-INALCO. LIEN >>
DÉVELOPPEMENT DU PROJET_____________________________________________________________________
ENJEUX
Que ce soit dans le Cher ou en Kanaky, les enjeux du projet sont de :
- créer une opportunité, par la conception et la réalisation d’œuvres collectives, de faire de ces jeunes adultes des acteurs et actrices de la vie publique, tout en valorisant leurs imaginaires par l’art contemporain, l’histoire et l’architecture, ainsi que par les traditions et pratiques de construction respectives des deux territoires.
- mobiliser leurs capacités d’interactions et de construction pour réaliser des œuvres à occuper, construites par eux, pour eux et les habitant.es des sites envisagés ;
- favoriser le retour à la confiance, à l’estime de soi et à la fierté culturelle pour ces jeunes habitant.es, en les accompagnant dans ce processus artistique collectif.
- leur permettre, grâce à la dimension artistique, à la possibilité d’un faire-oeuvre ensemble, entre eux.elles et un.e artiste, de retisser des liens avec leurs territoires, de remodeler l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et que s’en font leurs milieux sociaux.
LE PROJET
Des jeunes adultes (18-30 ans) en réinsertion sociale (travail, ou issu.es du milieu carcéral ou psychiatrique) du Berry et de Kanaky-Nouvelle-Calédonie sont appelés à participer, en collaboration avec des artistes, à un projet de création collective de cabanes, qui a pour objectif de motiver et de mobiliser leurs capacités d’interactions et de construction. Il fera appel à leurs imaginaires propres pour réaliser des œuvres à occuper, à investir, les cabanes, construites par eux, pour eux et les habitant.es de leurs territoires, et dont les fonctions et les usages seront librement définis. Les techniques, pratiques et traditions de construction spécifiques aux deux territoires seront mises en commun, et permettront de croiser les idées, les formes et les pratiques.
Les cabanes seront des œuvres hybrides, originales, contemporaines, conçues par des binômes de jeunes adultes inter-territoriaux, kanako-berrichons. Nous partons provisoirement sur 5 projets, qui seraient réalisés sur 5 sites de chaque territoire et constitueraient 10 réalisations différentes, en raison des matériaux et manières de faire spécifiques à chaque territoire : chaque projet revêtirait donc deux formes.
Les constructions pourront s’inscrire de manière cohérente dans les deux territoires grâce à la connaissance et à l’expérience de terrain qu’en ont les jeunes adultes/habitant.es impliqué.es dans le projet. Les cabanes sont destinées à être pérennes.
Les cabanes revêtiront à la fois une dimension d’usage et symbolique, marquées qu’elles seront par l’engagement créatif des participants. A ces jeunes habitant.es des différents territoires se joindront d’autres habitant.es, intéressé.es par les dimensions artistique et sociale du projet, et par celle de construction. Les associations locales seront mobilisées sur les territoires afin d’apporter leur concours à la réalisation projet.
LE BAL : MODÈLE DE COLLABORATION JEUNES ADULTES / ARTISTES-CONSTRUCTEURS
Un modèle de collaboration des jeunes habitant.es entre eux.elles et avec les artistes est celui du BAL (https://www.le-bal.fr/le-projet), créé par Raymond Depardon et Diane Dufour en 2010, pour former les jeunes à et par l’image. Dans des établissements scolaires ou au sein de structures du champ social, les jeunes se confrontent à différents points de vue, affûtent leur regard sur les partis-pris formels, expérimentent les différentes étapes de leur production, et participent à des projets collectifs de création avec des artistes invité.e.s. La dimension collective de la création a permis au Bal de produitre des effets marqués sur les jeunes personnes impliqué.es dans ce processus.
Ainsi, notre projet a été imaginé pour permettre à ces jeunes adultes d’engager, à travers sa dimension artistique, et en proximité avec les artistes, une réflexion sur leurs relations à leurs environnements, et de construire sur leurs propres territoires des espaces de vie à partager. Certain.es artistes disposent de cette capacité d’ouverture et de partage, un sens de la pédagogie, qui stimule la volonté de création, favorise librement l’expression des imaginaires, permet de les cultiver et d’abandonner des instincts de repli social en faveur d’une ouverture par le processus de création.
Ce visage humain et social de l’art, conjugué aux capacités des artistes d’entrainer une mobilisation collective, mais aussi une réflexion sur soi, sur ses relations à son environnement, physique et social, permettra, nous l’espérons, aux jeunes adultes, d’engager une réflexion sur la place qu’ils souhaitent occuper dans leurs territoires, et de trouver des indices, des éléments de méthode pour y parvenir, ensemble. Les replis sociaux sont liés à des conditions économiques et/ou sociales parfois difficiles, ou au développement des formes d’individualisme et d’isolationnisme social liés aux pratiques addictives de certains réseaux sociaux. Il nous semble qu’engager ce type d’action artistique pourrait, pour ces jeunes adultes, entrainer une réflexion constructive et propitiatoire, quelque peu que ce soit, sur leurs manières d’appréhender la construction de leur avenir, en Berry ou Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
En outre, les inscrire dans des conditions professionnelles, par la participation des artistes, contribuera à donner aux créations le statut d’œuvres à part entière, ce qui pourra constituer une motivation supplémentaire pour les participant.es. Ce projet pourrait également amener à modifier le regard porté sur les jeunes adultes, par leurs familles, leurs concitoyens, voire le regard qu’ils.elles portent sur eux.elles-mêmes dans leurs contextes sociaux.
DESTINATIONS DES CABANES
Ces œuvres à vivre sont destinées à tou.tes les habitant.es des territoires impliqués. Elles seront construites dans des espaces publics, où chacun pourra les visiter, les faire vivre, les occuper quelques heures, régulièrement ou pas, points de rencontres, d’échanges, selon les usages qui seront définis par les différents binômes. Ces usages s’adapteront aux sites choisis, aux imaginaires, aux besoins, aux expériences sur les territoires des différents groupes de jeunes adultes. Le projet reste ouvert à toutes les bifurcations potentielles, engagées par les volontés collaboratives des participant.es et des artistes.
Seront également associées des structures professionnelles (réinsertion) et associatives, afin d’ancrer les relations entre les jeunes, leurs constructions et leurs territoires.
LES SITES
Les cabanes seront réalisées, dans chacun des territoires, sur des sites d’implantation définis en accord avec les autorités coutumières (Kanaky) et territoriales (Cher), les jeunes adultes et les habitant.es.
En Berry, les sites seront proposés à partir de territoires ruraux et des quartiers prioritaires délaissés (QPV : Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville) des communes de Bourges, Saint Florent-sur-Cher (Petite ville de demain ) et Le Subdray, là où les populations manquent d’ouverture culturelle et de réalisations collectives autour de la culture. A Bourges, les quartiers prioritaires labellisés Cités éducatives 100% EAC (Education artistique et culturelle) ont besoin de projets pour impliquer les habitant.es et ouvrir de nouvelles perspectives culturelles, éducatives et sociales.
En Berry, territoires proposés à partir de :
- la commune de Saint Florent-sur-Cher
- le Muséum d’histoire naturelle de Bourges
- le Campus du Haut Berry - Lycée agricole du Subdray
- l’Université d’Orléans – Services culturels et IUT de Bourges
- la Commune de Rosières
- Bourges Nord (QPV)
- Bourges Centre (marais)
- Bourges Sud (QPV)
En Kanaky
- Ile des Pins (Sud)
- Thio (Centre)
- Saint-Louis (Sud)
- Koné (Nord)
- Koumac (Nord)
ÉCHANGES BAS CARBONE
Pour réaliser un bilan bas carbone au cours de la partie conception de ces échanges, ils auraient lieu entre les binômes en visio-conférences, sur la base de rencontres régulières. Un temps de présentations respectives, de familiarisation, aura lieu afin que, peu à peu, les jeunes adultes puissent échanger à leur aise. Ces échanges en visio-conférences prendront en compte le décalage horaire entre les deux territoires, qui est de 9 heures. Exemple : 9 :00 à Bourges = 18:00 à l’ile des Pins.
MICRO-FOLIES - Nous mentionnons également l’aide que pourrait nous apporter la relation (à établir) entre la Micro-Folies de Saint Florent-sur-Cher et celle de Dumbea, agglomération du Grand Nouméa, Province Sud et aire coutumière Djubéa-Kaponé, en particulier dans la mise en relation en visio-conférences, de certains des binômes kanako-berrichons, lors de la partie conception du projet.
LE FAIRE-ENSEMBLE KANAK
La Kanaky a su préserver ses relations sociales et symboliques à la construction collective des cases, ainsi que ses techniques de fabrication, transmises dans le cadre de la famille, des ami.es, du voisinage. Le rapport au faire-ensemble est resté sauf, qui produit de l’unité et de la solidarité dans les groupes sociaux. C’est l’enseignement que Guillaume Vama et nos ami.es kanak nous apportent dans ce projet, dont nous avons la tentation de croire qu’il pourrait également opérer sur le territoire du Berry. C’est finalement une affaire de cohésion sociale, qui serait renforcée par la participation au projet d’autres habitant.es, via les associations existantes.
Le poteau central, par exemple, qui soutient la case kanak, représente le pilier cosmique par lequel circule la vie, la parole et la mémoire des ancêtres, la stabilité du clan et de la communauté, la continuité entre les générations : il incarne le cœur battant de la case, tout comme le cœur donne vie au corps. Il maintient l’équilibre du monde social et coutumier.
FONCTIONS ET NATURE DES CABANES
La détermination de l’usage des cabanes sera définie selon la morphologie des sites retenus (urbain – rural - rivières) et les besoins des jeunes adultes et des habitant.es qui orienteront leurs usages.
La notion d'éco-construction est préalable à la réalisation du projet : utilisation de matériaux recyclés, recyclables et durables (bois, bambou, chanvre, paille, terre crue, torchis...) pour ériger des structures respectueuses de l’environnement, minimisant la production de déchets. Il s’agira de constructions écologiques et durables, limitant l'usage de ressources naturelles surexploitées et les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de matériaux surexploités.
PERENNITÉ DU PROJET
La pérennité des cabanes est inhérente au projet. Chacune d’entre elles sera prise en charge par le site d’accueil, au niveau de sa construction mais aussi de son entretien. Nous envisageons d’élaborer un parcours des cabanes en ville et au bord du Cher, rivière sauvage.
TEMPORALITÉS DE CONSTRUCTION
En raison des différences de temporalités entre les dates de vacances de métropole et de Kanaly-Nouvelle-Calédonie, les projets ne pourront être réalisés en même temps. Le calendrier des constructions s’effectuera selon les disponibilités d’engagement des différents partenaires et des artistes. Nous estimons la durée totale maximum du projet à une année. La réalisation de chaque cabane est estimée à un ou deux mois, selon les avancées collectives deS binômes, et aux difficultés de construction inhérentes à chaque modèle de cabane.
ASSOCIATIONS D’HABITANT.ES
Aux jeunes habitant.es des territoires se joindront d’autres habitant.es, intéressé.es par la double dimension artistique et sociale du projet. Il sera fait appel en particulier, via les associations, à ceux et celles qui ont pu déjà construire des cabanes, ont des compétences en matière de construction, ou une appétence pour apprendre, dans le souci d’une transmission intergénérationnelle. Si le peuple kanak a su conserver ces savoirs et en faire un ferment social, nous pourrons ainsi réactiver nos propres savoirs, nos propres capacités de transmission, nous en ressouvenir.
Les associations locales mobilisées sur les territoires permettront d’apporter leur concours à la réalisation du projet et au devenir des cabanes : elles devront être appropriées et devenir le cadre de projets vivants, proposés par les habitant.es.
Associations qui permettraient de nouer des liens avec les habitant.es :
- Bourges, du Nord au Sud (exemples) : Hameau de la Fraternité, haut lieu historique du tissu associatif du quartier ; Entraide Berruyère, association des maraichers de Bourges ; Les Daronnes, le Tourne-livres etc.
- Saint-Florent-sur-Cher : cette ville de 6500 habitant.es témoigne d’un important issu associatif et propose non moins de 110 associations. Quelques unes d’entres elles : association culturelle marocaine, association culturelle créole, chorale Vicus Aureus, groupe artistique florentais, Ligue de Protection des Oiseaux, Nature 18, Le jardin de Nicolas, les Amis de Rosières, Saint-Flo Culture, tiers-lieu le Cercle, comité des fêtes Florentais et de Rosières…
ÉCHANGES PHYSIQUES
Dans la mesure du possible, nous souhaitons organiser des rencontres de terrain. Ces rencontres nous semblent importantes pour que les échanges prennent une dimension concrète, humaine. Si les budgets nous le permettent (il s’agira d’un budget à part), nous aimerions que, pour chaque cabane, un.e jeune adulte et un.e référent.e de l’autre rivage participe à la construction de chaque cabane, dans les deux sens.
FINISSAGE DU PROJET
Nous imaginons que la finalisation du projet, après la construction des cabanes, pourrait s’effectuer dans le cadre d’un vernissage commun, le même jour, à partir d’une visioconférence collective entre les différents sites, Kanaky-Nouvelle-Calédonie et Berry. Ceci permettrait d’organiser une rencontre globale entre tous les protagonistes du projet.
* La notion d’ « outre-rêve » renvoie à un rêve de Louise Michel, qui fut déportée en Nouvelle-Calédonie après la Commune de Paris (1874-1880). Voir >>
* Tjungu signifie, en langue aborigène Pitjantjatjara (peuple Anangu, Australie centrale) : « Ensemble uni.es ». C’est un mot très utilisé dans les projets interculturels en Australie pour symboliser la rencontre, l’amitié et la coopération : être ensemble, uni.es, dans l’harmonie et le partage.